Save The Children
Présentation
Moins connue sans doute que "Mercy Mercy Me (The Ecology)", la quatrième chanson de l'album "What's going on" de Marvin Gaye, sorti en 1971 trouve elle aussi une résonance particulière au regard de la crise climatique. Elle appelle à "sauver les enfants" (voire "sauver les bébés") et se demande "qui se préoccupe vraiment", "qui est prêt à essayer" pour "sauver un monde destiné à mourir".
L'utilisation à répétition des phrases interrogatives est évidemment particulièrement engageante, nous invitant à nous demander : et moi est-ce que je me préoccupe vraiment de la 6e extinction de masse ?
L'auteur
Marvin Gaye est un chanteur, auteur-compositeur afro-américain qui rencontre un grand succès dans les années 60-70 et qui sera assassiné par son père en 1984.
Son album "What's going on" est album concept (album avec un thème narratif, où les titres trouvent leur sens collectivement). Les fins de titres répondent aux débuts des suivants, tout se mélange et donne l'impression de n'être qu'une seule longue et magnifique chanson.
Il est considéré comme l'un des meilleurs album de tous les temps (classé numéro 1 sur 500 par Rolling Stones).
NB : En France, nous avons notre Marvin Gaye à nous ! Si si : Jean Ferrat alerte sur la catastrophe dès 1962 avec son titre "Restera t-il un chant d'oiseau".
Ce que cette chanson a changé pour moi
Marvin Gaye commence chaque phrase par leur version "parlée" puis les répète en chantant. Lorsque j'écoute cette chanson je crie très fort les paroles dans leur version chantée.
Elle me donne le sentiment de n'être pas seule. Pas seule à être attristée, apeurée, enragée, désespérée devant cette responsabilité diluée (concept où plus le nombre de personne se sentant responsable, moins elles agissent) dans laquelle nous baignons, où le coupable est toujours l'autre, celui qui n'est pas nous : le gouvernement, les multinationales, les riches, les pauvres...
Je pense à cette chanson quand je vois des enfants sortir de l'école, quand je regarde ma nièce dévorer son pain au chocolat, quand j'envisage la maternité.
À retenir
- La beauté sonore de cette phrase : "Who really cares, to save a world in despair?"
- Le "Save the babies" de Marvin, que je ne peux m'empêcher de trouver un peu kitsch et qui me fait sourire !
- La date : 1971...ou 1962 pour Ferrat qui chante "à peine le malheur des hommes est-il moins grand, que déjà pourrissent les pommes des nouveaux temps".
Le chiffre
1 milliard d’enfants, sur les 2,2 milliards que compte la Terre, vivent dans l’un des 33 pays classés « à très haut risque » d'après l'UNICEF.
Pour aller plus loin
Les paroles (et ma modeste traduction en français pour les non anglophones) :
Who really cares, to save a world in despair?
Who really cares?
There'll come a time
When the world won't be singing
Flowers won't grow
Bells won't be ringing
Who really cares?
Who's willing to try?
To save the world
That's destined to die
When I look at the world
It fills me with sorrow
Little children today
Are really going to suffer tomorrow
What a shame
Such a bad way to live
We can't stop living,
Live,
Live for life
(But let live everybody)
Live life for the children (live life for...the children. Oh, for the Children)
You see, let's...let's save the children
Let's...let's save all the children, (Save the babies, save the babies!)
(And if you want to love, you got to....save the babies)
(Oh you've got the feeling, you've got the feeling)